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Ouverture du procès des attentats de Trèbes et Carcassonne

By 22 janvier 2024février 23rd, 2024Actualités
PROCES TREBE CARCASSONNE

Photo : Pixabay

Journalistes, avocats, parties civiles, proches des accusés, élèves ou simples curieux… Ce lundi 22 janvier, la foule se masse au Tribunal de Paris pour l’ouverture du procès des attentats de Trèbes et Carcassonne.

Sous haute surveillance, le président de la Cour d’assise spécialement composée donne le coup d’envoi de ce procès prévu jusqu’au 23 février. Cinq semaines d’auditions et de débats pendant lesquelles les magistrats tenteront de déterminer la responsabilité des sept prévenus, aujourd’hui poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste criminelle pour les uns, et délits connexes (non-dénonciation de crime terroriste, détention d’armes) pour les autres.

Pour rappel, le 23 mars 2018, après avoir grièvement blessé Renato Silva et tué Jean-Michel Mazières sur le parking de la cité des Aigles, Radouane Lakdim ouvre le feu sur des CRS – l’un d’eux est blessé – puis se rend au Super U de Trèbes où il tue Hervé Sosna, un client, et Christian Medves, un employé. Après plusieurs longues minutes, le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame se propose pour prendre la place de Julie Grand, alors retenue en otage par le terroriste. Au terme d’une négociation, le terroriste égorge l’officier de gendarmerie et est abattu par le GIGN.

« Mort pour la France »

Si devant la salle d’audience règne une certaine agitation médiatique, à l’intérieur, l’ambiance est lourde. Les parties civiles arrivent les unes après les autres et prennent place dans cette salle des grands procès, construite à l’occasion du procès des attentats de 2015. Certains se saluent d’un discret signe de tête. D’autres, escortés de leurs avocats, s’installent en silence après un rapide coup d’œil vers le box des accusés.

Parmi eux, Nicolle Beltrame, la mère du colonel Arnaud Beltrame, et ses deux fils Cédric et Damien, arrivent quelques minutes avant le début de la séance. Aux journalistes qui l’interrogent sur son état d’esprit, elle renvoie vers son avocat Maitre Thibault de Montbrial. « Le Colonel Beltrame ne s’est pas sacrifié, il a pris la place d’une otage car il pensait qu’il pouvait maîtriser le terroriste islamiste. Il est allé au combat : c’est un officier de gendarmerie mort au combat, mort pour la France » rappelle l’avocat. Et alors que la sonnerie retentit, signe du lancement de la séance, il ajoute : « Chacun doit prendre conscience dans cette affaire que les terroristes islamistes ne peuvent passer à l’acte que lorsqu’ils sont soutenus, qu’ils ont des complicités, des sympathies dans les quartiers ».

Marielle Beltrame, la veuve d’Arnaud Beltrame, ne devrait, quant à elle, pas assister au procès. À nos confrères du Midi Libre, elle confiait récemment ne pas vouloir « revivre » ces évènements « traumatisants ». Alors que les 90 parties civiles sont énumérées par la Cour, le président du tribunal promet de lui réserver un temps de parole si finalement elle changeait d’avis. « J’en doute… » souffle un avocat.

Une nébuleuse radicalisée

Face à ces victimes et leurs familles, sept prévenus – six hommes et une femme -, âgés de 24 à 35 ans, seront appelés à la barre dans les jours à venir pour déterminer si oui ou non ils ont aidé – ou du moins n’ont pas empêché – le terroriste à mener à terme son projet mortifère. Placé en détention provisoire, Ahmed Arfaoui, 29 ans, beau-frère de l’assaillant, aurait notamment dissimulé des armes après les attaques de Carcassonne puis de Trèbes. La Cour lui reproche en outre d’avoir eu « parfaitement connaissance » de la radicalisation de son beau-frère et de ses projets. Par ailleurs, s’il soutient durant l’investigation ne pas partager les idées de Lakdim, il aurait, après les attentats, publié une photo du terroriste avec la mention « Dieu le garde », sur ses réseaux sociaux.

À ses côtés, dans le box, Samir Manaa, 28 ans, est un des plus proches du terroriste et donc averti de sa radicalisation et de son obsession pour les armes. Si aucune preuve de radicalisation n’a pu être retenue à son encontre, les magistrats lui reprochent d’avoir accompagné le terroriste, en connaissance de cause, chez un armurier, deux semaines avant les faits, pour y acheter un couteau. Couteau qui servira à égorger Arnaud Beltrame…

Devant eux, sur le banc des accusés, cinq prévenus comparaissent libres, sous contrôle judiciaire. L’un d’eux, Baghdad Haddaoui, poursuivi pour non-dénonciation de crime terroriste, est absent. Si son avocat qui plaide la disjonction (renvoi ultérieur) met en avant les « fragilités psychologiques » de son client, son « parcours social » difficile pour justifier son absence, l’Avocate générale réclame pour sa part un mandat d’amener à son encontre. « Monsieur Haddaoui s’est illustré par son non respect des procédures judiciaires, puisqu’il ne s’est pas présenté à l’interrogatoire préalable […] Il doit répondre de ses actes » clame-t-elle. Un argumentaire entendu par la Cour qui décide de lancer immédiatement un mandat d’amener à l’encontre du prévenu qui avait notamment salué la personnalité du terroriste dans une vidéo publiée le lendemain des attaques.

Marine Pequignot, ex petite-amie du terroriste, est quand à elle bien présente. Convertie à l’islam sous l’influence de Lakdim, elle ne pouvait ignorer l’état de radicalisation de l’assaillant, son intérêt pour les armes et ses projets. Le jour des attentats, elle aurait ainsi effectué une recherche pour « Radouane Lakdim » sur internet bien avant que son nom ne sorte dans la presse. Est-elle au courant de son passage à l’acte ? De plus, inscrite au fichier de surveillance, elle aurait projeté de rejoindre l’État islamique.

Reste ensuite Sofian Boudebbouza, 25 ans, qui aurait apporté un soutien intellectuel au terroriste. Il lui est reproché d’avoir entretenu des échanges radicaux avec Lakdim, notamment de lui avoir fourni « des arguments religieux pouvant justifier un passage à l’acte ». À côté de lui, Reda El Yaakoubi, 34 ans « caïd » du quartier, aurait également eu connaissance des idées radicales de l’assaillant. Il l’aurait pourtant maintenu au sein du groupe criminel (trafics de drogue, d’armes…) qu’il dirigeait, lui fournissant ainsi des « moyens financiers » pour mener à bien son attaque. Enfin, dernier à comparaitre, Sofiane Manaa, frère de Samir, est poursuivi pour détention d’armes.

Source BV