INFO ACTU17. Un jeune homme de 20 ans, soupçonné d’avoir refusé d’obtempérer et foncé sur des policiers à Lyon le 1er septembre, s’est rendu après une cavale de six jours à l’étranger. Déféré, il a été remis en liberté sous contrôle judiciaire. L’enquête ouverte pour tentative d’homicide a finalement été requalifiée en refus d’obtempérer aggravé.
Un chauffard refusant d’obtempérer a foncé sur les policiers dans le 7e arrondissement de Lyon le 1er septembre dernier. L’un des fonctionnaires a ouvert le feu, et le suspect a pris la fuite. Après une semaine de fuite à l’étranger, un jeune homme de 20 ans s’est finalement rendu en fin de semaine dernière. Il a été déféré ce week-end avant d’être remis en liberté sous contrôle judiciaire, a appris Actu17 de source judiciaire. Il doit être jugé en janvier prochain.
Les faits se sont déroulés en pleine nuit, peu après 2 heures du matin. Un équipage de la brigade anticriminalité (BAC) aperçoit un automobiliste qui enchaine les infractions au code de la route, et qui franchit notamment un feu rouge sur l’avenue Berthelot. Les policiers actionnent leur gyrophare et leur sirène deux-tons, pour ordonner au conducteur de s’arrêter. L’homme refuse et accélère.
Plus loin, le chauffard se retrouve coincé dans le flux de circulation. Plusieurs autres usagers de la route sont arrêtés à un feu rouge. Les policiers descendent de leur véhicule et se positionnent autour de la voiture du suspect, en lui ordonnant de s’arrêter. Le conducteur refuse de se rendre. « Malgré les injonctions, il a effectué une marche arrière en fonçant sur l’un des agents », décrit une source proche de l’enquête. « Il est ensuite reparti brutalement en marche avant, fonçant sur un autre policier qui a tout juste eu le temps de s’écarter pour ne pas être percuté. L’un de ses collègues a tiré un coup de feu pour riposter. La balle s’est logée dans le pare-brise, sans faire de blessé ». Le chauffard a brisé le rétroviseur de la voiture des policiers et a poursuivi sa fuite à pleine vitesse. Sa direction de fuite et sa description ont été données sur les ondes police mais les forces de l’ordre n’ont pas réussi à la retrouver. Les policiers, sous le choc, n’ont pas été blessés. Une enquête a été ouverte des chefs de « tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique » et « refus d’obtempérer ». Les investigations ont été confiées au Service local de police judiciaire (SLPJ) de la Division centre.
Il passe plusieurs jours à Prague
Vendredi dernier, près de six jours après les faits, un suspect s’est présenté à la police, affirmant être le chauffard. Il a été placé en garde à vue. Interrogé par les enquêteurs, il a révélé avoir pris la fuite au volant de sa voiture, en traversant l’Allemagne, avant de se réfugier à Prague, en République tchèque, à près de 1000 km de Lyon, où il a passé plusieurs jours. Le jeune homme a déclaré avoir ensuite fait le chemin inverse pour se rendre, après avoir sollicité ses proches. « Il a d’abord expliqué aux enquêteurs ne pas se souvenir du refus d’obtempérer, puis a affirmé ne pas avoir voulu foncer sur les policiers », expose la même source. « Il a aussi déclaré qu’il avait songé à ‘changer de vie’ suite à ce qui s’était passé, évoquant son souhait de combattre en Ukraine en s’engageant à Kiev ».
«Doit-on attendre que les policiers soient morts ou grièvement blessés pour caractériser l’intention de tuer ?»
Le suspect a été déféré dimanche et l’enquête a finalement été requalifiée des chefs de refus d’obtempérer aggravé, par l’exposition d’autrui à risque de mort ou d’infirmité permanente et violences sur personne dépositaire de l’autorité publique avec une incapacité totale de travail (ITT) inférieure à 8 jours. Une décision qui a surpris les trois policiers.
« Les policiers que j’assiste sont dans l’incompréhension la plus totale aujourd’hui. Ils sont désabusés », confie leur avocate, Me Pauline Ragot. « Foncer droit sur deux fonctionnaires de police bien identifiés, moteur vrombissant, ne constitue ni une simple mise en danger, ni une simple violence. Doit-on attendre qu’ils soient morts ou grièvement blessés pour pouvoir caractériser l’intention de tuer ? Un tel traitement pénal est déconcertant, d’autant plus après une cavale de six jours à l’étranger ».
Le syndicat Alliance Police Nationale a également exprimé ses inquiétudes. « La requalification des faits en refus d’obtempérer aggravé envoie un mauvais message qui conforte la certitude qu’ont ces individus, de faire ce qu’ils veulent, en quasi toute impunité, alors que le mis en cause était initialement poursuivi pour tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique », réagit Éric Henry, délégué national de l’organisation. « Ce n’est plus un crime pour lequel il est poursuivi mais un délit et cela change tout. Espérons que le bras de la justice s’abatte sans faiblir, il est temps d’inverser le logiciel ».