
EXCLUSIF – En septembre 2020, Ullah S. a tenté d’égorger un passant devant le commissariat de Sarcelles au cri d’«Allah Akbar». Aux yeux de la victime, le procès prévu du 5 au 7 mars est celui d’«un attentat qui ne dit pas son nom».
Comment juger un accusé qui prétend ne pas se souvenir des faits qui lui sont reprochés ? De quelle manière aborder les débats avec un homme qui affirme ne pas se reconnaître sur les images de vidéosurveillance retraçant son crime ? Il faudra aux juges de la cour d’assises du Val-d’Oise manier avec finesse l’art de la rhétorique pour obtenir les aveux d’Ullah S. cinq ans après une tentative d’assassinat à la feuille de boucher devant le commissariat de Sarcelles. Anthony C., la victime, a formellement reconnu le «regard noir» et «déterminé» de ce parfait inconnu qui a fondu sur lui au cri d’«Allah Akbar», le 25 septembre 2020. Profondément marqué par cette attaque, il espère que la posture mutique et louvoyante du Pakistanais de 29 ans laissera place à des explications pendant son procès prévu du 5 au 7 mars prochain. Le Figaro dévoile en exclusivité les dessous de cette violente agression qui a mis Anthony C. «sur le chemin de la mort».
Ce soir-là, le jeune homme de 26 ans se rend au commissariat de Sarcelles pour déposer plainte contre un client importun du KFC qu’il dirige à Garges-Lès-Gonesse. À 21h50, il patiente devant les grilles du bâtiment quand un homme grand et fin s’approche de lui. «Je me suis dit qu’il venait au commissariat, il ne m’a pas semblé bizarre», retrace la victime devant le juge d’instruction. Dans la pénombre, il ne distingue pas clairement le visage qui se cache sous la casquette à carreaux noirs et blancs. Soudain, la silhouette dégage le bras de son poncho et brandit une large lame. «Il a crié “Allah Akbar” et a frappé au niveau de mon oreille gauche. Il visait le cou comme pour m’égorger (…) J’ai tout de suite compris que c’était la fin pour moi.» Anthony C. chancelle, l’assaillant lui porte un nouveau coup sur la carotide avant de lâcher son arme. Avec l’énergie du désespoir, le jeune homme frappe son agresseur et parvient à le mettre en fuite avant de s’effondrer au sol.
Son cri de douleur alerte les effectifs du commissariat qui accourent et lui prodiguent les premiers soins. «Je vais mourir», souffle la victime au brigadier qui fait pression sur sa plaie pour endiguer le saignement. Quasiment décapité, Anthony C. est transporté à l’hôpital Lariboisière de Paris pour y être opéré d’urgence. À son réveil, la déception frappe encore plus fort que la douleur : l’homme qui s’en est pris à lui s’est volatilisé. En s’échappant, il a abandonné derrière lui son poncho, sa casquette, une bouteille d’eau et la feuille de boucher à la lame de 17,5 centimètres.