Skip to main content

Attaque terroriste à la préfecture de police de Paris en 2019 : non-lieu prononcé faute de complices

By 7 février 2025Actualités

La justice a ordonné, ce mardi 4 février, un non-lieu dans l’affaire de l’attaque terroriste qui a fait quatre morts à la préfecture de police de Paris, en octobre 2019. Selon les juges, l’assaillant a agi seul, ce qui rend impossible tout procès pour complicité.

L’attaque avait traumatisé l’institution policière. Cinq ans après, elle se conclut par un non-lieu : l’assaillant radicalisé Mickaël Harpon, qui avait tué fin 2019 quatre personnels de la préfecture de police de Paris (PP) avant d’être abattu, a agi seul selon les juges, rendant impossible la tenue d’un procès.

Le 3 octobre 2019, cet agent de la PP, employé à la très sensible direction du renseignement de la préfecture (DRPP), sème la terreur pendant la pause déjeuner dans le centre névralgique de la police parisienne, sur l’île de la Cité.

En sept minutes, cet informaticien de 45 ans, en poste à la préfecture de police depuis 2003, tue au couteau deux policiers âgés de 38 et 50 ans, une policière de 39 ans, ainsi qu’un agent administratif de 37 ans.

L’homme, né en Martinique et qui résidait dans le Val-d’Oise, en banlieue parisienne, s’était converti à l’islam depuis une dizaine d’années. Il avait deux enfants.

« Dix-sept » signaux de radicalisation

« Le lien entre les faits commis et l’entreprise terroriste ne fait aucun doute dès lors que l’intéressé » a agi « au terme d’une radicalisation religieuse », estiment les juges dans leur ordonnance du 24 janvier, dont l’Agence France-Presse (AFP) a eu connaissance mardi 4 février 2025.

Des parties civiles ont ainsi compté « dix-sept » signaux de radicalisation qui auraient dû alerter son entourage ou les autorités sur le passage à l’acte de Mickaël Harpon.

Juste avant les faits, il avait acheté deux couteaux, un de cuisine et un à huîtres, et cherché sur Internet comment « tuer des infidèles », d’après des éléments de l’enquête.

Sa femme avait raconté qu’au matin de la tuerie, il avait dit : « Allah m’a envoyé un signe dans la nuit. Protège les enfants. »

Ses collègues ont alerté leur hiérarchie car Mickaël Harpon ne voulait plus faire « la bise » aux femmes, aurait « banalisé » la mort des journalistes de Charlie Hebdo dans l’attentat de janvier 2015 ou « s’énervait dès qu’il était question de religion » jusqu’à « mimer un geste d’égorgement », selon une collègue.

Des « failles » pointées du doigt

Après le drame, le ministre de l’Intérieur de l’époque, Christophe Castaner, avait admis des « failles ». La question de complicités éventuelles avait été soulevée. L’épouse de Mickaël Harpon et cinq proches ont été placés en garde à vue, sans faire l’objet de poursuites.

Pour les juges, les nombreux actes d’investigation « n’ont pas permis de montrer » que Mickaël Harpon a « été aidé par quiconque dans le cadre de la préparation ou de la commission des faits ».

Les deux magistrats antiterroristes écartent notamment toute responsabilité pénale d’un commandant de police, chef du service où travaillait Mickaël Harpon, qui avait été pointé du doigt par les parties civiles.

Les proches et collègues de l’assaillant avaient aussi confié un sentiment d’exclusion chez celui qui était atteint de surdité et se disait victime de discrimination au travail.

Les magistrats confirment dans leur ordonnance que les actes de l’assaillant ont « pu se nourrir des ressentiments éprouvés par l’intéressé, confiant aux uns ou aux autres son sentiment d’être mal apprécié, en lien avec son handicap, sa couleur de peau ou sa religion ».

« Un goût amer » pour les parties civiles

« S’il a été établi sans aucun doute possible que Mickaël Harpon était radicalisé depuis plusieurs mois et a commis un acte de terrorisme d’une gravité exceptionnelle au nom de l’idéologie islamiste, le non-lieu laisse forcément un goût amer pour mes clients, qui n’obtiendront jamais justice », a réagi Me Pauline Ragot, qui défend une vingtaine de parties civiles.

Si elle reconnaît que « l’enquête a été faite de façon exhaustive », elle évoque « une déception immense pour les victimes survivantes et les familles des policiers assassinés, à la hauteur de l’horreur du drame ».

À l’époque de cette attaque inédite, survenue deux ans après l’assassinat d’un couple de policiers à Magnanville (Yvelines), Emmanuel Macron avait appelé la Nation à combattre « l’hydre islamiste ».

Six mois plus tard, une commission d’enquête parlementaire avait proposé un arsenal de mesures pour répondre à ces « failles » de sécurité.

Ce mardi 4 février, un homme a été interpellé à Paris après s’être attaqué pour des raisons encore inconnues à trois policiers qu’il a blessés légèrement, juste devant ce même bâtiment de la PP.